Depuis que je reprends les transports en commun je suis soumis beaucoup plus fréquemment aux demandes pressantes ou discrètes des mendiants. Encore ce matin, dans le train qui m'emmenait au travail, j'ai vu un homme traverser tout le wagon et déposer sur chacune des banquettes un petit papier expliquant sa condition :
Sans emploi, avec deux enfants, pas de logement, cherche de quoi les nourrir, Dieu vous garde, …
Certains passagers ont déposé des pièces sur le papier et l'homme, une fois sa traversée effectuée, a fait demi-tour et est repassé reprendre chaque papier et la rare monnaie qui parfois s'y trouvait.
J'ai alors réfléchi à ma façon d'aborder ces requêtes et je me suis aperçu que je devenais beaucoup moins réceptif depuis qu'elles se multipliaient. Il y a encore pas si longtemps je me souviens avoir vidé mes poches de toute la monnaie qui s'y trouvait et l'avoir donnée au clochard qui m'avait demandé une pièce, avant de retrouver le confort de ma voiture. C'était la première fois que j'étais sollicité de la sorte depuis plusieurs mois, c'était facile. Mais lorsque cette demande se répète, parfois plusieurs fois dans la même journée, comment faire ? Comment réagir. Tout donner au premier, rien aux suivants ? Partager ? Tout garder ?
Et puis, honnêtement, j'ai parfois un doute sur la véracité des arguments employés. Rien d'étayé, mais un doute tout de même, une intuition que tout n'est pas dit, quelque chose de pas très honnête. Une impression diffuse qui me met mal à l'aise. Et du coup je retiens parfois mon geste. Est-ce malhonnête ?
1 De xave -
À force de courir entre Paris et Bruxelles, je suis sollicité en permanence : dans le métro, à pieds, en voiture, des gens qui tendent la main, des gens qui racontent leur déchéance, des gens qui déguisent leur demande en parlant d'un coup de téléphone urgent, des qui vendent des journaux gratuits, des gui t'agitent leur moignon sous le nez et des qui t'indiquent la place de parking qui est juste devant ta voiture. De tout, tout le temps.
Dans l'impossibilité de distinguer le gars dans la merde du mendiant professionnel (à ce qu'il paraît, ça peut être un boulot plutôt bien payé, si on le fait bien), je me suis établi une règle assez simple : je ne réponds jamais à la moindre sollicitation et je donne les sous dont je n'ai pas l'usage à des assos dont la redistribution est la raison d'être.
2 De Otir -
J'écoutais récemment - dans le confort de ma voiture, mais j'habite au milieu de la forêt et non pas en zone urbaine - une émission de la radio publique, qui traitait exactement de ce même thème, en peu dans les mêmes termes (en anglais :-) ).
Les auditeurs new-yorkais appelaient et disaient ce qu'ils faisaient et pourquoi, toute la palette d'arguments y est passée, en général sans jugement de valeurs pour celui qui ne fait pas comme soi, comme quoi, c'est finalement à mon avis, vraiment une décision personnelle en conscience.
Ce que j'ai trouvé intéressant dans cette audition, c'était d'entendre les gens se poser la question de leur propre motivation (à donner, ou bien à ne pas donner), et non pas se poser la question du phénomène de la mendicité.
Bien sûr, comme dans ton billet, la question de la motivation du mendiant (va-t-il utiliser l'argent récolté à des fins que je juge valables ?) se posait aussi, mais ce n'était pas toujours significatif dans la décision finale de celui qui donne ou pas (ou du moins cela n'apparaissait pas comme la majorité dans ceux qui ont témoigné, ce qui bien sûr n'a aucune valeur statistique, j'en suis consciente).
Maintenant la question de la mendicité elle-même est certainement un autre sujet, surtout si je pense à comparer deux pays comme la France et les Etats-Unis, où le système de protection sociale est aux antipodes.
3 De Franck -
C'est vrai que je ne me pose pas la question
, enfin pas sous cette forme, pas comme un problème de société. Par contre, à chaque fois, je me demande pourquoi celui qui me sollicite à l'instant le fait. J'essaye de me projeter dans une situation analogue, et c'est difficile de trouver une position juste. Ferais-je pareil si c'était nécessaire ? Et si oui, comment ?4 De la lène -
Je me suis pris d'amitié avec celui qui était au bout de notre rue. Le "père noël" comme je l'appelais. Il avait des cheveux assez longs, bruns, et une barbe qui me faisait penser au père noël. Chaque mois je lui prenais son journal des sans-abris. Mais maintenant que nous avons déménagé...
Concernant la véracité des arguments employés, un jour, j'ai croisé dans un fast-food une dame qui déposait comme le monsieur dont tu parles des petits papiers avec écrit entre autre "aidez-moi, je suis sourde et muette, j'ai besoin d'argent" etc... 3h plus tard je l'ai croisée dans la rue en train de tailler une bavette avec un pote à elle... Ca a calmé mes ardeurs et je suis du coup devenue super méfiante au détriment d'autres personnes...
5 De Spica -
De toutes façons, on ne peut pas répondre à tous les besoins de tout le monde. Donc je pense que chacun est libre de voir si il veut aider et comment. La forme du geste n'est pas le plus important, parce que quelqu'un qui ne donne rien peut être beaucoup plus sensible à la misère des gens que quelqu'un qui donne. Trois piécettes de monnaies données au premier venu pour l'un, du bénévolat dans une association d'aide pour un autre... Ce qui compte, c'est l'intention qu'il y a derrière le geste et le fait de ne pas se fermer totalement à ceux qui sont dans le besoin à cause des profiteurs.
6 De Céd' -
Personnellement, je ne donne plus. Du moins, plus comme ça. Par contre, quand une personne dans le besoin est devant une grande surface, je rentre dans le magasin et je lui achète quelque chose à manger et/ou à boire. Parfois je lui demande ce qu'il aime, parfois je n'ai pas le temps ou je suis déjà à la caisse quand je le remarque, donc je prend au hasard (du pain, des biscuits, un sandwich, etc). De cette façon, je suis sûr que ce que je donne sera bien utilisé. C'est peut-être un peu déplacé de ma part de ne pas laisser la personne disposer elle même de ce que je veux bien lui donner, mais je préfère nourrir directement plutôt que de ne pas savoir trop où va mon argent... j'ai entendu trop d'histoires sur des gens qui profitent des mendiants.
7 De obni -
Je réagis comme Xave.
8 De Jean-Michel -
Depuis 5-6 ans que je pratique les transports en commun, j'ai repéré que certaines lignes de métro et de rer étaient plus "demandeuses" (si on peut utiliser ce terme). Difficile de dire "oui" en permanence...
9 De brol -
Je ne suis pas en mesure, financièrement, de me passer du moindre centime. Il parait que ça s'appelle précarité la situation dans laquelle je me trouve...
J'aime autant vous dire que je préférerai donner, quitte à me faire berner !
10 De Vroumette -
Pour être honnêtre, c'est très aléatoire, j'avoue être touchée par certains, moins par d'autres et tout dépend si j'ai de la monnaie sur moi.
Mais tout comme la lène, j'aime avoir un contact direct, et comme via mon boulot je rencontre des personnes en difficultés, je me suis liée d'amitié avec certains, je préfère leur apporter des colis et passer un ptit temps de papotte avec eux. J'ai la sensation que ce temps passé est tout aussi important que le colis apporté, comme avec ma ptite mamie d'à côté.
11 De Chandelin -
Donner quelques pièces dépend du contexte : du liquide qu'on a ou non sur soi, le temps qu'on a ou non de s'arrêter (si on est à deux doigts de rater son train, je pense que le monde entier peut s'écrouler autour de cette préoccupation immédiate), l'impression produite par la personne demandeuse, le nombre de fois qu'on est sollicité... Il y a une chose à laquelle je me tiens. Même si ça me fait un gros pincement de refuser à une sollicitation, je regarde la personne en face pour le lui dire (à première vue, ça lui fait une belle jambe). On existe encore un peu à travers un refus exprimé. L'indifférence totale enterre un peu vite sont interlocuteur.
12 De xave -
Idem que Chandelin : je refuse, je ne fais pas semblant que la personne n'existe pas.
13 De Tomtom -
Au risque de répéter, idem que Xave. C'est vrai qu'a Paris maintenant, on voit des personnes demander n'importe où : Métro, rue, voiture.. J'en ai même eu plusieurs fois au départ de TGV à Montparnasse!
Enfin bon, tout ça pour dire qu'à force, c'est
et que bon, on peut pas donner à tout le monde... alors pour moi, c'est un simple à chaque fois.14 De Scoub -
C'est malheureux à dire mais on ne peut pas pallier au manques de la sociéte, le mieux quon puisse faire c'est d'être dans une asso qui pallie à ces manques. En général j'essaye de passé de nouveau au même endroit avec de quoi grignoter (sandwich, boulangerie).Il parait qu'au japon c'est pire!
15 De Reb -
La difficulté est bien là : on ne sait pratiquement jamais dans quelle situation se trouve la personne qui demande, quel est son besoin...
En ce qui me concerne, j'essaie de donner simplement parce qu'on me le demande. Peut-être que je me fais "arnaquer" dans certains cas, je n'en saurai probablement jamais rien. Mais je me dis : et si dans le lot mon geste avait réellement aidé une personne, à un moment critique de sa vie ? Cela valait vraiment le coût !
Alors c'est simple, j'ai quelques pièces dans le porte monnaie et je donne aux 3 premiers qui mendient quels qu'ils soient.
D'autres que moi aideront les suivants !
16 De elludovico -
C'est fou mais cette semaine j'etais a Paris et j'ai ete dans le meme cas. Une dame a deposé un message similaire sur le siege de chacun des voyageurs ... étrange que le message soit identique ...
c u Ludovic
17 De Groumphy -
Manque de temps dans mes connexions, j'ai pas eu le temps de pouvoir tout lire et ce que je vais dire est peut-être un doublons :
1. je ne donne pas au gens qui mendie dans le sens je parle dans le métro etc... 2. je donne bien souvens au gens qui tendent un simple gobelet dans la rue... 3. pourquoi cette différence ? Regardez simplement la manière dont ils sont habillés et principalement les chaussures et vous comprendrez ceux qui dorment dans la rue et ceux qui ne dorment pas dans la rue...
:-)
A tous déjà un bon Noel, tout plein de bonne chose,
Milles pensées,
G.
18 De Fabiennehenry -
Je crevais de faim à Paris..SDF..J'ai mendié,j'ai pu manger..Les seuls ennuis qu'il y a ce sont les menaces de Mort faites par les Roumains..Ils ont envahi tous les endroits et ont fait fuir les plus faibles..Je suis allée en Mayenne..Car j'ai des chiens..Pas de travail..Pas de mendicité dans 1 Village..Je regrette Paris car ici c'est pire,je Crève Faim mais pas mes chiens..Et ici,aucun moyen pour travailler car il n'y a aucune aide pour 1 crédit pour 1 ordinateur..Merci la France et l'Europe..